BOUGRE DE FESSE
Jean Loup B.
Juin 2006
Honorables correspondants,
Amis de la fesse,
Incorrigibles coreligionnaires,
Atchoum *
* j’ai mis « atchoum », car dans ce type de circonstances, je préfère prévoir la présence d’un homme de petite taille, dont on dit qu’il peut sans effort mettre son nez dans les affaires des autres.
Parler de fesses sans les mains, c’est un peu comme arroser les plates-bandes d’un seul regard. Car des plates-bandes au taste-fesses, il n’y a qu’un pas, celui qui coûte.
Mais oui, me direz-vous, quoi de commun entre les plates-bandes et le taste-fesses, sinon que l’envers vaut l’endroit, que tout est dans tout, que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et réciproquement, et vice-versa et Collège de Saint-Cloud.
Car, mesdames et messieurs de la famille, vous l’aurez remarqué : plates-bandes et taste-fesses sont des noms composés. J’ai bien dit noms composés et pas des non-cons posés. Oui qu’est-ce qu’un non-con et où serait-il posé si ce n’est sur un support-chaussette ou un pince-sans-rire.
Mais revenons à notre garde-fou. Car voilà encore un exemple absurde et particulièrement intéressant. Remarquez bien, et je mets trente francs dans le nourrin :
dans taste-fesses ; taste même s’ils sont plusieurs ne prend pas d’ « s » car c’est un verbe – Au début était le verbe.
Dans taste-fesses : vous auriez écrit fesses est au pluriel car c’est un nom. Eh bien, non messieurs les assesseurs, les grammairiens les plus puristes vous l’écriront et s’il le faut, vous le feront assimiler à coups de règle en bois bien placée, dans les noms composés, le deuxième nom est au singulier. A-t-on vu un porte-drapeau avec deux nombrils, un porte-cochère s’en enfiler deux. Or, c’est vrai, un porte-jarretelles déroge, car jarretelles est au pluriel, ce qui prouve ici aussi que le bas est en haut. Et que tout est vanité ici bas.
Nous objecterons (et patapon,) aussi que fesses va donc toujours au moins par paire, et que donc fesses devrait être au pluriel, et ça c’est singulier.
On nous répondra que fesses est un nom commun. Je m’insurge : fesses doit toujours être propre., au singulier comme au pluriel. Certes, le tasteur peut n’y pas trouver son goût.
Drôle de mot que ces fesses qui en 6 lettres n’en usent que trois, F.E.S., alors qu’une paire de fesses correctement assise sur un banc d’écolier peut facilement user quelques fonds de culottes durant une scolarité. Nous voici revenus à ces fesses posées sur un banc, à ce non-con posé. Et pourtant loin de nous, l’outrecuidance, voire la forfanterie de prétendre urbi et orbi que ce nom est plutôt con, si sa Sérénissime Flatulence, que je salue avec la déférence qui lui est due en cette qualité, me permet ce modeste écart de langage.
Nous conclurons (et re petit patapon) que j’aurais pu en dire autant du tire-fesses, du pince-fesses, qui tous autant que le taste-fesses font appel au toucher, sens admirable, « je te fais pouet pouet, tu me fais pouet pouet, on se fait pouet pouet et puis c’est tout ».
Au début était la fesse. Et encore une que n’auront pas les prussiens, comme disait mon grand-père en s’approchant d’un air lubrique, dubitatif et concupiscent de ma pauvre mémé. Une sainte, ma mémé …