ENTRE LA CAISSE ET LE FUT
Alain M
Novembre 2005
• ENTRE LA CAISSE ET LE FÛT •
CONFESSION
Je professe
– Je le confesse –
Un amour convaincu
Pour la tendresse.
Ou plutôt pour la tendreté.
La tendre fermeté
Mariant mollesse
Avec rugosité…
La douillette souplesse
Alliant rudesse
Et onctuosité…
L’âcre douceur
De la moiteur
D’anfractuosité.
J’ai la faiblesse
– Oh, Dieu, je le confesse –
J’ai l’avidité
De cette flasque fluidité,
Cette arrondie candeur,
Ovale rigidité,
Ou rebondie rondeur
Des deux sphériques rotondités
– Jumelles rebelles,
Qui, hélas, trop tôt s’affaissent –
Que de Rome à Babel,
On appelle…
Le cul !
J’eus toujours un pot de cocu.
Je suis un attire-fesse.
Je fus toujours comblé d’obus,
Sans cesse cerné de fesses !
Plus fort que d’aller droit au but,
En tirant dans l’ tas…
J’ai toujours été droit au cul,
En visant dans l’ bas !
—
SOUVENIRS
Comme tous les grands fêtards,
Comme tous les gros fortiches,
J’ai allumé trente-six pétards !
Je m’ suis pétri cent paires de miches !
Pas b’soin d’ la main d’ ma sœur
Quand j’ tripote un valseur !
J’sais très bien faire le zouave
Quand j’ épluche deux betteraves !
Sans repos,
J’ai tant arqué,
Tant fait d’ potin…
Que de plein pot,
J’ai embarqué
Mille popotins !
Mathématiquement,
Nous, les amants,
Nous chavirons
Pour les p’tits potirons !
Par retour de flamme,
Elles, les bonnes femmes,
Faut bien qu’elles mouillent
Pour nos jolies citrouilles !
Plus d’une oie blanche s’est vue occise
Par les rebonds d’ mon sous-coccyx…
Et plus d’une vioque s’est r’vue ado
D’vant les rondeurs du bas d’ mon dos !
D’innommables cageots
M’ont sorti leur dargeot !
Il y’a d’ ces dargiflards…
Qui vous filent le cafard !
Moi, j’ai bouché mon pif
Devant des vieux dargifs… !
J’ vous jure que ça sniffe pas la rose !
C’est moi qui l’ dis, qu’ c’est pas jojo !
J’ préfère un coup d’ latte dans la prose !
J’ veux dire… un coup d’ pompe dans l’ dargeot…
—
CREDO
Qui ne préfère pousser ses pions,
Sur le damier d’un jeune croupion ?
Qui ne préfère planter ses fiches,
Sur l’échiquier d’un p’tit jeu de miches ?
« À dada sur mon baba ! »
– On y joue, aux p’tits chevaux… ?
« Chuis gaga d’vant ton baba ! »
– Il est plus beau qu’un rôti d’ veau !
On prête qu’aux riches… ?
J’ t’achète tes miches !
T’es dans la dèche ?
J’ te paye ton derche.
Je veux du 100% pur jus…
Et du 0% sans graisse !
I’ m’ faut les plus grands crus du cul !
La crème de la crème des fesses !
—
ENVOLÉE LYRIQUE
Fesse !
Divine promesse !
Fruit fendu, fruit défendu !
Qui impressionne comme la grand’messe…
Et nous harcèle à flux tendu !
Fesse !
Double diablesse !
Bûcher brûlant des vieux tabous !
Péché mortel de nos faiblesses !
Qui carbonise et pousse à bout.
Fesse d’ici, fesse de là…
Des quatre points cardinaux !
Fesse qui bouge son tralala,
Gonfle ses abdominaux.
Fesse en laisse et en latex !
Fesse qui mord les idéaux !
Que l’on fesse et qu’on ampexe…
Un triomphe de vidéo !
Fesse de ciné, fesse de kiné…
Pour le masseur, pour les casseurs !
Fesse du X et fess’-symbol…
Que je fixe et qui s’envole !
Étoile du Nord et Croix du Sud,
Reine des sphères et reine du bal,
Ravageuse comme un gros Scud,
Mystérieuse comme le Saint-Graal.
Fesse calice… et fesse malice !
Et spectacle… et réceptacle !
Fesse qui se serre à confesse,
Mais se lâche en bikini !
Fesse qui jette le bas qui blesse,
Et qui tend vers l’infini !
Fesse de Neuilly, fesse des cités,
Fesse du parking et de la ZUP…
Mille fois cueillie, plébiscitée…
En slip, en string, en mini-jupe !
Fesse de ville et fesse des champs…
La française, l’européenne…
Taille trente-six et taille deux cents…
Taille mondiale… cyclopéenne !
Fesse indigène pour le loisir…
Et très sans-gêne pour le plaisir !
Fesse mignonne, fesse timide…
Fesse cochonne et fesse humide !
Fesse intello,
À gros cerveau,
Qui vous pète son Q. I. …
Fesse avec peau,
Sadomaso,
Qui vous fouette son cuir…
Fesse à battage,
À abattage…
Fesse exotique… trop érotique…
Presque excentrique…. mais romantique…
Et puis pocharde… et bambocharde…
La fesse hagarde… limite blafarde !
Fesse usée…
Mais si rusée !
L’ex-fusée…
Faite pièce de musée !
Ex-cœur de cible et Bible ouverte,
Cœur du Palais d’ la Découverte…
Presqu’île enfin offerte,
Terre déserte.
Ah, que je naisse…
Naisse et renaisse à la fesse !
Cette fesse prêtresse… et maîtresse… et tigresse…
Qui agresse… et caresse…
Et ronronne… et ronchonne… !
Mais rien jamais n’y blesse…
Et seul, le sot-l’y-laisse.
—
DÉBOUTONNAGE
Je l’aime à poils…
Et à vapeur !
Je l’aime sans voile…
Et sans odeurs !
Plutôt imberbe…
Et sans moutons !
Fraîche comme de l’herbe
Et sans boutons !
Alors, broutons !
Broutons touffu !
Comme des bouffons,
Croûtons l’ joufflu !
Oui, mais avant
De fout’ le camp,
À l’aveugle ou à vue…
Foutons le cul !
Sortons l’ têtard
De la grenouille…
Pour le pétard,
Et la citrouille !
—
RAISON
La plus ingénue pimprenelle
Innocemment vous dira
Que non loin du tiroir à polichinelle,
Il y’a l’usine à choux gras !
Le plus pur,
Le plus dur,
Le plus clean des mollahs…
Use et abuse
De la turbine à chocolat.
Quelqu’un veut mettre le holà ?
Toi… ?
Pas moi !
La fesse est certes externe,
Mais elle aime l’internat…
Comme on sait, tout interne
Pointe à l’économat.
—
INCANTATION
Quand les rideaux collent aux fenêtres…
Faut bien que l’ vent pénètre !
On n’a pas l’ temps d’ faire du salpêtre…
Il faut être ou ne pas être !
Laissez-vous entrer dans le train !
Laissez-vous éclater plein pot !
Tous les voyages en arrière-train
Finissent pépère : « Tous au dépôt »… !
« Monte sur la caisse…
Tu verras l’ trou du fût ! »
Et plus t’encaisses…
Plus ça fait du raffut !
Il y a tant de bonhomie
Dans une séance de sodomie… !
Quel gros cube customisé
Ne rêve d’être sodomisé ?
—
IMPLORATION
Ô, Seigneur des Anneaux,
– Ou saigneur des anus –
Embrochant la fortune !
Ô, triste Cyrano
Cinglant vers Uranus,
Et décrochant la lune… !
Toi, pauvre Bergerac,
Qui à longueur de rues,
Administre des claques
À tant de malotrus… !
Tous ces blancs-becs bien nés,
Ces petits trous-du-cul
Qui, plutôt qu’à ton nez,
S’en prennent à ton cul :
THÉÂTRE
« Gros cul ! Gros cul ! Gros cul ! »
Ah ! Non ! C’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … Bien des choses en somme…
En variant le ton, – avec l’air convaincu :
Agressif : « Moi, Monsieur, si j’avais un tel cul,
Il faudrait sur le champ que je me le tranchasse ! »
Amical : « Mais il vous fait la taille un peu basse :
Pour marcher, faites-vous implanter un piston ! »
Descriptif : « C’est un tas ! … C’est un bloc ! … C’est un mont !
Que dis-je, c’est un mont ? … C’est une mappemonde ! »
Curieux : « De quoi sert cette énorme rotonde ?
De marmite, Monsieur, ou de bac à dahlias ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point le ténia
Que paternellement vous eussiez résolu
D’offrir cette mangeoire à ses instincts goulus ? »
Truculent : « Ça, Monsieur, dès lors qu’il évacue,
La vapeur du dîner vous sort si fort du cul
Que nul être à la ronde onques n’y survécut !
Prévenant : « Gardez-vous, votre assise vaincue
Par ce poids, de chuter lourdement sur le ring ! »
Tendre : « Faites-lui faire un joli petit string
De peur que sa couleur sans soleil ne se gâte ! »
Pédant : « L’animal seul, Monsieur, qu’un Hippocrate
Appelle hippopotéléphantobalein’rat
Dut charrier dans son dos tant de viande et de gras ! »
Cavalier : « Quoi, l’ami, ce tube est à la mode ?
Pour glisser son épée, c’est vraiment très commode ! »
Emphatique : « Aucun pet ne peut, fessier bizarre,
T’écarter tout entier, excepté le blizzard ! »
Dramatique : « C’est la Mer Noire quand il coule ! »
Admiratif : « Pour un embaumeur, ça refoule ! »
Lyrique : « Est-ce une miche, êtes-vous un crouton ? »
Naïf : « Ce monument, par où y entre-t-on ? »
Respectueux : « Souffrez, Monsieur, qu’on vous conspue,
C’est là ce qui s’appelle avoir trognon qui pue ! »
Campagnard : « Hé, hardé ! C’est-y un cul ? Nanain !
C’est queuqu’ radis géant ou queuqu’ potiron nain ! »
Militaire : « Transpercez cette forteresse ! »
Pratique : « Voulez-vous en faire fondre la graisse ?
Assurément, Monsieur, vous perdrez cent kilos ! »
Enfin parodiant Bébel en un sanglot :
« Le voilà ce gros cul qui du corps de son maître
A détruit l’harmonie ! Il en flapit, le traître ! »
—
POÉSIE
Qui dira que le cul ne fait pas poésie ?
Qui dira que la fesse est rétive au poème ?
Voici que, grâce au cul, l’on peut pondre des vers !
L’on peut pondre de dos, debout, devant-devers… !
Qui donc résistera à telle frénésie ?
Qui niera que la bourre est enfant de bohème ?
—
HISTOIRE
Voyez le Moyen-Âge,
Et comme on y fut sage :
« De la main gauche,
Tu touches mon bois rond…
Tandis que j’ m’embauche
Derrière ton foiron ! »
« De la main droite,
J’ touche ton bois pointu…
Lors que tu t’emboîtes
Pour un cul-à-cul ! »
Et la vieille sagesse populaire
Qui met à l’abri des galères :
« S’il gèle à la Saint-Frusquin,
S’il vente à la Saint-Benoît,
Frictionnez vos pétrusquins,
Et faites-vous frotter les noix ! »
—
SCIENCE
Mais oui, tout mâle a bien deux paires de noix :
Les petites et les grandes.
Deux pour papa, deux pour la joie.
Côté joufflu et côté glandes.
Messieurs, tendons, bandons nos perches
Vers les gros, les beaux… et même les faux-derches !
Chargeons, déchargeons nos accus
Dans les beaux, les gros… pourquoi pas les faux-culs !
Et même si un séant,
N’est pas qu’un trou béant…
Reconnaissez qu’un cul…
C’est tout de même une issue !
Et bien qu’il soit seyant
De camoufler l’extase,
Chacun, se réveillant,
Aime visionner ses bases !
Le retour à la base…
Voilà le vrai credo !
Y’a guère qu’un kamikaze
Pour s’ faire péter dans l’eau !
Le jour où Neil Armstrong,
A atterri, tout fier,
Dans un énorme coup d’ gong…
Il dévoile son derrière !
« Très vulgaire et très con. »
Lui crie la foule qu’il importune…
Sans rougir, il répond :
« C’est la fesse cachée de la lune ! »
—
ROMAN
Et Pierrot,
Qui rêve de chair de lune !
Henri IV et la Reine Margot,
De croupe au pot !
Napoléon rêve de tenir un siège…
Et Satan, de jouer les suppôts.
Même la Reine des Aztèques
Était connue pour ses pastèques !
La Pucelle d’Orléans
A même fumé par le séant !
AbdelKader crie : « Mon colon ! »
Quand il soupèse deux mûrs melons.
Et Mistinguett : « Ça, c’est Paris ! »
Quand on lui croque ses deux radis.
Voyez ces mecs qui peuvent que ravaler leur glotte
Face à la Vénus Hottentote !
Et tout l’ Québec qui vous propose la botte
Dans ce qu’on nomme là-bas « le porte-crottes » !
Partout le cul est à l’honneur !
Tu sors tes fesses et tout l’ monde pige !
Y’a qu’une seule chose qui s’rait l’horreur,
C’est qu’ plus personne soit callipyge !
—
TRAGÉDIE
Mais quand la conjoncture
En est aux vergetures,
Lorsque la cellulite
Amène la fuite,
Dès que l’effondrement
Pousse au renouvellement,
Et que la peau d’orange
Impose l’échange…
Oublie ce front qui plisse…
Oublie ces joues qui tombent…
Fidèle au sac à vices,
Refait péter la bombe !
—
ÉPOPÉE
Plutôt qu’un flambant vélodrome,
Ou un rutilant aquarium,
Paris mérite un fessodrome,
Ou un immense babaodrum.
Fini, les cons vaincus…
On veut des culs vainqueurs !
Plus qu’un con cupide et qui sent…
L’on veut un cul concupiscent !
Et tant qu’à prendre un pied…
Qu’on nous le mette quelque part !
Un bon pied au panier…
C’est déjà la fête au pétard !
—