LEO CAMPION

Léo Campion

(24 mars 1905 – 6 mars 1992)

Né le 24 mars 1905 à Paris. En 1923, Léo Campion s’installa à Bruxelles où il rencontra un libraire anarchiste et franc-maçon Marcel Dieu alias Hem Day. Il fut initié à la loge Les Amis philanthropes le 7 avril 1930 à Bruxelles et ne revint jamais sur cet engagement. Expulsé du territoire français à la suite d’une campagne de L’Action française, il retourna en Belgique où il fut condamné, en 1933, en compagnie de Hem Day à dix-huit mois de prison pour avoir renvoyé son livret militaire à l’expéditeur.

Cette fine plume anarchiste avait aussi un assez joli coup de crayon. De 1930 à 1936, il exerça ses talents de caricaturiste pour le compte du journal bruxellois Le Rouge et le Noir tout en commençant une carrière de chansonnier qui le ramènera à Paris car : «on ne fait pas carrière de chansonnier à Bruxelles, Genève ou Bordeaux». Ses allers venues incessants entre Paris et Bruxelles faisaient de lui un messager idéal pour la résistance française. C’est ainsi que Léo Campion, qui n’avait rien demandé, reçu à la Libération la croix de guerre, un comble pour cet ancien secrétaire du Comité maçonnique pour l’objection de conscience et de la section belge de l’Internationale des Résistants à la Guerre.

Après la Seconde Guerre mondiale, Léo Campion démontra encore une fois qu’il avait plus d’une corde à son arc en devenant comédien, directeur de cabaret, et producteur. Il continua parallèlement ses activités militantes. A vrai dire, il n’y avait pas chez lui de rupture entre l’artiste et l’anarchiste.

 

Léo Campion

Par Léo CAMPION

Toute ma vie j’ai écrit et dessiné peu ou prou. Je suis l’auteur de trois recueils de caricatures, quatre recueils de poèmes, une bonne vingtaine de livres et brochures, d’aucuns avec illustrations de l’auteur. J’ai même eu trois prix littéraires. C’est dire le mérite que j’ai à rester simple. Et modeste. Modestie d’ailleurs totalement injustifiée. Mais on ne se refait pas.

Je ne me prends pas toutefois pour un écrivain. Un écrivain vit de sa plume. Je ne suis qu’un amateur, un écrivassier. Par contre je me prends pour un dessinateur tout intermittent que ce soit devenu, car j’ai longtemps vécu de mon crayon. Même s’il est devenu un violon d’Ingres. Et un crayon qui devient un violon est un exemple assez rare de génération spontanée. On n’arrête pas le progrès.

Je n’ai jamais rien sollicité. Ce n’est pas dans mon tempérament. Cela ne m’a pas empêché de réussir ma vie. Franc-maçon, je suis 33ème et fus illustre Commandeur du Consistoire d’Ile-de-France. Pataphysicien, je suis régent du Collège de Pataphysique, président de la Sous-Commission des Formes et des Grâces du Cymbalum Pataphysicum et Grand Fécial Consort de l’Ordre de la Grande Gidouille.

Rétrophysionomoniste, je suis Agrégé de Rétriophysiognonomie de la Faculté de Pygologie de Paris et Correspondant du Pygological Institute of London.

OEnophile, je suis membre d’honneur de la société des Amis des Vins de France, j’ai été intronisé Sacavin d’Anjou, Compagnon du Beaujolais, Echanson de Paris, Chevalier toulousain de la Tétine Sublime, Compagnon Vigneron de Joachim de Bellay et je suis Parrain du Viré de Maconnais. La Salle Humide du Temple d’Olonne-sur-Mer porte mon nom.

Je suis en outre Chauve d’honneur de la Confrérie nationale des Chauves et Membre d’honneur des Amis de Mannekenpis.

Mais, obsédé sexuel, j’espère n’être jamais obsédé honoraire.

Sachez encore que je porte une barbe très au-dessus de mes moyens, que je suis néo-malthusien, autodidacte, individualiste, circoncis et agnostique. Que je suis un crétin musical (comme Victor Hugo), avec toutefois un faible pour le french cancan et les cornemuses. Que je suis plus sensible à la sculpture qu’à la peinture. Que je cultive des cactus. Que l’anthurium est ma fleur préférée. Que je n’ai jamais été voté, par principe (je n’ai pas à me désigner des maîtres ; il me suffit amplement de les subir).

Sachez enfin que ma taille est d’un mètre-octante, que je mesure un mètre-nonante d’envergure, soixante centimètres de tour de tête (j’ai la grosse tête, mais c’est plein d’eau), que ma pointure est du quarante-quatre (je vis sur un grand pied), que je pèse une nonantaine de kilos, que j’ai toutes mes dents, les seins très fermes pour mon âge et une fossette sur la fesse droite.

Je vous en souhaite autant et vous donne rendez-vous… pour mon centenaire…

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Autre biographie

Le 6 mars 1992, mort de Léo CAMPION, né le 24 mars 1905 à Paris. Anarchiste, libre penseur, pacifiste et franc-maçon.

En 1923, il part habiter Bruxelles, où il se lie d’amitié avec le bouquiniste anarchiste Marcel Dieu (dit Hem Day), qui l’initiera à la franc-maçonnerie. Il devient secrétaire de la libre pensée de Bruxelles. En 1933, secrétaire de la section belge de « l’Internationale des Résistants à la Guerre »( W.R.I), il renvoie, avec Hem Day, son livret militaire. Cela leur vaut un procès retentissant et ubuesque, le 19 juillet 1933, où Léo Campion ridiculisera les autorités judiciaires et militaires.

Bruxelles devient un refuge pour de nombreux proscrits, dont Durruti et Ascaso (avec lequel Léo lie une solide amitié).

Pendant l’occupation, il retourne en France mais, fiché comme objecteur de conscience, il est interné avec d’autres antifascistes au camps d’Argelès. A la libération, il poursuit sa carrière de chansonnier puis de comédien, en France.

Il fera plusieurs galas de soutien en faveur de la Fédération Anarchiste et apportera souvent aide et solidarité aux libertaires. Il est aussi l’auteur de quelques ouvrages d’humour comme « Le petit Campion illustré », ainsi que des ouvrages sur la franc-maçonnerie : »Le drapeau noir, l’équerre et le compas », etc.

« Il y eut toujours des anarchistes et ce bien avant que l’anarchisme soit considéré comme attitude individuelle ou comme système politique et social.

(In « Le drapeau noir, l’équerre et le compas »)

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On aura beau faire (ou mal), toutes les chansons ne se ressemblent pas. La chanson ne s’adresse pas toujours aux pieds (marches militaires) ou au ventre (les chansons bacchiques) ; il arrive qu’elles s’adressent à l’esprit et au coeur. Quand l’esprit et le coeur y trouvent ensemble leur compte, quelque chose se passe, un événement rare : le fragile, l’éphémère refrain devient une bonne chanson qu’on a envie de conserver comme une oeuvre d’art. Petite, considérons-le par la taille, mais non forcément mineure, sinon la Tour Eiffel serait préférable à la Sainte-Chapelle et Ponson du Terrail à Stendhal.

Boris Vian

Objection, Votre Honneur ! Léon Campion

J’ai débuté dans la vie comme nouveau-né, en 1905, le 24 mars, peu avant 6H du matin. Je ne me suis plus jamais levé si tôt. Le printemps avait trois jours et moi neuf livres. Pendant au moins deux heures, juste avant qu’il  ne meure, Jules Vernes et moi furent contemporains.

Fermé aux mathématiques qui m’emmerdaient et m’emmerdent toujours (mais je le leur rends bien), je leur préférais l’histoire et la géographie.

Ma seconde passion fut la boxe. J’ai gagné trois matches, deux par abandon, un par disqualification. Puis, j’ai eu ma première maîtresse. Elle avait quarante ans. Plus de soixante années après, je continue à aimer les femmes de quarante ans. Bel exemple de continuité.

Léo Campion, chansonnier avant tout, successivement directeur artistique du Caveau des Trois Maillets, du Caveau de la République et de la cave Le Tabou, est né d’une mère parisienne et d’un père hennuyer.

Défenseur de la notion du carpe diem, anarchiste, livre penseur,  franc-maçon et Grand Maître de la Confrérie du Taste Fesses, il a mené bien des luttes. Son ami belge, le chansonnier Jo May, le définit comme le plus fantastique des hommes sérieux sous le manteau de dérision et d’humour philosophique.

Dans les années ’20, à la mort de sa mère qu’il adorait, il vécut en Belgique où il fit son service militaire comme pilote aviateur. Quelques années plus tard, pour protester contre un projet de loi interdisant la propagande pacifiste, il renvoie ses papiers militaires. Il est emprisonné avec son ami Marcel Dieu (dit Hem Day). Cela leur vaut, le 19 juillet 1933, un retentissant procès où Léo ridiculise les autorités judiciaires et militaires. Ils sont défendus par un jeune avocat qui répond au nom de Paul Henri Spaak. Malgré des témoins percutants (Victor Marguerite, Georges Duhamel, Emile Vandervelde et tant d’autres), Léo est condamné à 18 mois et son comparse, récidiviste, à deux ans de prison. Ils refusent d’aller en appel et font la grève de la faim. Une vaste levée de boucliers aboutit à leu libération inconditionnelle. «Nous avons  même refusé de signer la levée d’écrou… En compensation, nous étions chassés de l’armée et privé de nos droits civils et politiques, ce qui n’eut aucune influence sur notre métabolisme basal».

A sa sortie de prison, nombreux sont les camarades italiens et espagnols recherchés, qui trouvent refuge dans la bouquinerie de Hem Day à  l’avenue des Arts. Au premier étage, une manufacture d’objets pour camelots abrite six ou sept pensionnaires réfugiés qui, tous, répondent au nom de Barretto, ainsi qu’un «expert» fabricant de fausses pièces d’identité.

Léo mène une vie de bohème à Bruxelles. Pour subsister, il dessine, seul travail qu’il puisse faire en s’amusant. Ses premiers dessins (mauvais, dit-il) se vendent mal. En 1937, Jacques Van Rossum, avocat, dirige le cabaret montmartrois Le Grillon. Il incite Léo à mettre au point un numéro de caricatures avec commentaire dans le spectacle de son petit théâtre. Pendant la guerre, il perd son boulot de journaliste et celui de caricaturiste, la censure l’empêchant de représenter Staline, Hitler ou Léon Blum. Tout l’art consiste alors à faire passer un texte anodin à la lecture, qui devient explosif dans la façon de le dire. Jacques Grello, nous rapporte-t-il, était le plus expert dans cet art…

Après la guerre, avec Jean Léo et Marcel Antoine, Campion fonde l’hebdo satyrique Pan. Codirecteur pendant cinq ans, ils passèrent la main. Au fil des ans, Pan a perdu le côté anarchisant de ses débuts.

Suzanne Ferry

«J’ai réussi ma vie» – Léon Campion

«Sublime Léo Campion, la plus belle barbe de Paris, la plus belle calvitie de l’univers» a écrit Rabinaud. Et Paul Guth : «Campion, naïf comme une vierge flamande, a la malice fraîche et cressonnière».

Nous avions évoqué, dans notre précédent programme, sa jeunesse et son engagement comme objecteur de conscience, qui lui valut en 1933 procès, condamnation et une formidable levée de boucliers jusqu’à sa libération inconditionnelle.

1933 devait être pour moi une année faste. C’est fin ’33 que je fis la connaissance de Jeanno. Elle fut la femme de ma vie jusqu’à sa mort, 47 ans après. Imprévisible. généreuse, dépensière, argotique. sans détour… Elle avait une fille de cinq ans que nous avons élevée et qui fait notre joie. Car si je ne me reconnais pas le droit de mettre un enfant au monde sans lui demander son avis, je n’ai pas l’amour-propre de mon sperme et elle est vraiment ma fille. Elle a d’ailleurs, quand elle a fait du cinéma, pris le nom d’Anne Campion. Nous nous aimons beaucoup. Elle a un Jules, j’ai donc un gendre. Il n’est pas sourd, moi non plus, aussi nous nous entendons très bien.

Ce Jules n’était autre que Boris Vian, génial et brillant en tout, disait-il. Ils ont écrit ensemble une chanson antimilitariste que Vian n’a chantée qu’une fois, huée copieusement a l’époque de la guerre d’Algérie.

Dans la galerie des gens célèbres qu’il a côtoyés, il nous cite Renoir, qui l’a mis en scène au cinéma, et Jean-Louis Barrault, qui l’a mis en scène au théâtre, alors que je ne suis même pas comédien, seulement un chansonnier qui joue la comédie s’excuse-t-il, cela s’appelle la chance.

Il rencontre Raymond Queneau, Grand Conservateur de l’Ordre de la Grande Gigouille, distinction octroyée par le Collège de Pataphysique, nettement moins répandue que la Légion d’Honneur. Il avait un rire sonore et communicatif, était le seul a l’époque – avec Prévert – à boire du whisky.

Pendant la drôle de guerre (’39-’40), Léo travaille beaucoup avec Charles Trenet qui faisail, paraît-il, en privé, une imitation très réussie du maréchal Pétain, plus gâteux que nature. Il a eu le rare mérite de démontrer que la poésie pouvait être aussi commerciale. Y aurait-il eu sans lui Brassens, Ferré, Brel, Aznavour?

Il a connu Aznavour quand celui-ci commençait à chanter au Caveau de la République (dont Campion fut le directeur artistique). Il avait un nez qui lui tombait dans la bouche. Il se l’est fait arranger au Canada. Son nouveau nez était la moitié de l’ancien. «Tu te dis que tu connais cette tête-là sans me reconnaître ? C’est à cause de mon nez» lui dit Aznavour devant son air perplexe.

Il côtoie Armand Bachelier (qui adorait mettre en boîte ses amis, Campion surtout), le plus prestigieux des correspondants de la radio belge, qui connaissait par coeur tout ce que le monde contenait de célébrités. Sa compagne était la chansonnière Claude Alix.

Il a joué avec Pierre Dac dans leurs sketchs, chacun s’efforçait sur scène de faire rire l’autre eu changeant le texte inopinément. Mais Pierre Dac était aussi philosophe, nous dit-il, c’est lui qui a écrit : «Si tous ceux qui croient avoir raison n’avaient pas tort, la vérité ne serait pas loin.».

Revenons à Jeanno, l’amour de sa vie. Il ne cache pas son immense chagrin lors de sa disparition…

Elle avait de l’humour, était intelligente
Passionnée de lecture, avait la dalle en pente

Nous nous chérissâmes pas loin de cinquante ans
Toujours je pleurerai mon bel amour d’antan.

Et ce frondeur, ce libertaire, cet anti-tout-ce-qui-sent-le-faux-cul, cul bénit, cul cousu écrit encore sans la moindre pudeur: Ma maman, mon ami Marcel Dieu, Jeanno, toujours, tous jours, tous les jours sont présents dans mon coeur. Peut-être l’ombre des morts que nous avons aimés, flotte-t-elle légère parmi nous.

Et toi Léo, où es-tu, toi que j’ai rencontré dans ma rue, avec ton ami Jo… C’était vers 1985, je m’en souviens oh! combien.

Suzanne Ferry

Nous quittons l’ami Léo. Cet anarchiste, poseur des seules bombes pétries de lettres et d’esprit, n’avait pas besoin de maître ; bonté et bon sens lui ont suffit. «C’est un don, nous dit-il, d’être heureux».

Une petite dernière? Parlant du fils de Dieu et d’un charpentier nommé Joseph : «Quelle que soit l’étrangeté de sa filiation, quelqu’un qui change de l’eau en vin ne peut être qu’un type bien».

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Hommage à Léo Campion

Petit travail présenté en vue de l’intronisation à laConfrérie des Chevaliers du Taste-Fesses

A Léo Campion

… et à ses chevaliers

(étude historique offerte par mon ami dessinateur René Bouschet)

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Allo Léo ? Léo allo ?Ils sont fous, tes disciples. Sais-tu, faune barbu, riant épicurien, savoureux anarchiste, qu’ils me collent un devoir de vacances ? Et franchement, si j’aime écrire quand l’idée vient de moi, en fainéant chronique, je bâille et soupire sous les tâches imposées. Bref, mon crayon a mauvaise mine, ma plume se refuse à voler, et je sens qu’hélas aujourd’hui littérature rime avec ratures. Alors installons-nous au clavier ; du moins là ce sera plus facile à corriger.

Voyons…
A Z E R…
Ca ne m’inspire guère.
Ah tiens, si j’étais Anglais (surtout pas amerloque !), ça serait
Q W E R…
Ca commencerait par Q !
Tout de suite, si j’ose dire, dans le vif du sujet.
Mais non, ce Q serait trop beau…. Arrêtons de rêver.
Et si, tel Cyrano, je tentais diverses approches ?

Lyrique
La douce Agnès
avait de belles tresses
qui lui pendaient
jusque z’aux…
Un peu facile, non ?
Ca ne vaut rien.
Au diable Agnès,
vilaine bougresse !

Mythologique (ça fera cultivé)
L’espiègle Cupidon
voyant la belle Didon
tortiller son croupion
sentit darder son cuberdon
Stupides vers de mirliton !
N’as-tu pas honte vil écrivaillon ?
Et pourquoi pas son goupillon ?

Justement, pourquoi pas Religieux ?
Ah non, là c’est sans espoir :
l’érection de la croix, c’est la croix sur l’érection.

Conteur ou fabuliste
Légère et court vêtue, la belle Roseline
s’en allait à grand pas quérir la vasel…
Stop malotru !
Certes la rime est riche, mais le terrain est glissant.
Et – on te voit venir – point de variations :
le grand méchant loup dans un dernier tango
ainsi tout de go
n’entraînera pas le petit chaperon.
Produits du terroir ou non !

Mathématique alors
Là, je me sens plus à l’aise et m’en vais, moi aussi, leur coller un devoir de vacances.
Preux chevaliers, nobles chevalières,
démontrez-moi, cela peut se faire,
que deux hémisphères
valent bien mieux qu’une sphère.
Non, non, trop évident !
S’ils ont les yeux en face des trous, ils le verront bien vite.

A la Pascal
La vision de ta lune,
ô céleste Gudrune,
d’un vertige infini
déjà m’anéantit.
Bof ! Personne n’y croira : je n’ai rien d’un mystique.

Ah, comme Descartes,
autre matheux, mais bon rationaliste celui-là.
Rotondités divines, raie profonde en tangente,
du génial Euclide, répondant à l’attente
m’évadant du pensum
« Coïto ergo sum »
pourrai-je m’écrier.
(Si mes souvenirs sont bons, pédante façon de tout simplement dire
« Je bande donc je suis » ou « j’essuie »; je ne sais plus très bien.
Faudra que je demande à l’autre Christian si d’aventure son latin
est plus frais que le mien)

Anatomique, tout bêtement
Si Mireille était sans fesses,
ô terrible détresse,
que ferais-je de mes mains,
lamentable pantin ?
Non ! Là, c’est sûr, elle va se fâcher.

Musical
Quelque sublime mélodie flottant dans l’harmonie des hémisphères ?
Non, pas assez doué.
Las ! Seul Mozart pouvait se vanter de péter en un parfait si bémol.

Elégiaque
Pire encore. Je n’essaie même pas.
Ils ne vont pas le rater le sot qui trop haut veut poéter.

Historique, épique
Ah oui, pourquoi pas ces
Marianne excitées,
le nichon bien galbé sous la robe troussée,
offrant aux regards éblouis
d’autres splendeurs aussi ?
Non, tout compte fait, j’entends d’ici les rires grivois.
C’est que Bastille rime avec pastille, et d’autres farouches attaques les feront fantasmer.

Ingénieur
Quel étalon chanceux
prendra bien la mesure
et la folle courbure,
ô parfaite épure,
d’une telle cambrure ?
Trop technique.

Moine paillard
A genoux, gardez bien la posture !
Votre robe de bure
moule à mes yeux si pure
votre accorte figure…
Je vais vous confesser
ça ne saurait tarder.
C’est mieux, quoique je doute encore.

Mais alors quoi ? Philosophique enfin ?
Il y a souvent loin de la croupe aux lèvres et, de l’homme, le destin suit un bien dur chemin.
Beaucoup trop pessimiste. La vallée de larmes est peu mon genre aussi.
Je n’en peux plus, j’abandonne.
Allo Léo ? Léo allo ?
Sois indulgent,
je n’ai pas ton talent.
Sur l’arrière-train,
ni dessin, ni quatrain,
ni même petit refrain
avec ton bel entrain
je n’arrive à trousser.
Une jupe m’occupera bien mieux en ce beau jour d’été.

Christian Radoux
9 juillet 2001

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La presse d’autrefois

Combat (Février 1952)Caveau de la République parce que…
CAVEAU DE LA LIBERTE !
Les clubs ont fait la Révolution. De nos jours, ce sont les cabarets-chansonniers qui perpétuent ce qu’elle avait de plus valable : son souci – du moins à ses origines – de liberté.
En tête de ces lieux où fuse l’esprit frondeur vient le Caveau de la République. Les jacobins du moment ont nom Léo Champion, Jacques Grello, Léo Noël et Charles Bernard.
Chacun à sa manière, selon la diversité des tempéraments, exprime dans « Drôles d’airs » sa révolte à l’égard de l’arbitraire.
Les flêches qu’ils décochent contre la « raison d’état » qu’on nous sert à toutes les sauces et sous tous les prétextes pourraient être entachées de gratuité si on ne savait que quelques-uns des archers ont, en certaines circonstances, payé un plus ou moins lourd tribut au courage.
Les « sages » atlantiques, les « sages » de tout poil et de toutes teintes doivent, j’imagine, grincer dans « leur sagesse » si, prenant d’aventure la T.S.F., ils ouissent ce qu’on dit et chante au Caveau de la République.
Léo Campion, avec  » Regrets éternels « , exprime, en dépit de l’atomisation du monde, un hymne à la vie – nullement déplacé, si l’on mesure l’accueil qui lui a été réservé.
Avec « La Sagesse des nations », c’est tout le lyrisme benoît à double sens de ceux qui nous gouvernent et dont l’impéritie ne saurait dissimuler leur influence sur notre destinée : ne décident-ils pas, en définitive, de notre vie et de notre mort selon qu’ils optent pour la paix ou pour la guerre ?
Ayant entièrement renouvelé son répertoire, Léo Campion n’a jamais été aussi incisif et toujours à sa manière personnelle : médiévale par la forme qu’il donne à ses pamphlets. Si quelque jour il m’advenait de redevenir journaliste parlementaire, c’est à la manière de Jacques Grello que je présenterais l’actualité politique.
« La Guerre » est une des plus belles protestations qui soient contre l’agression qui se prépare « dans l’honneur et dans la dignité ». Le prince des chansonniers estime que deux thèses s’affrontent : la faire tout de suite pour qu’elle n’ait pas lieu ou la faire un peu plus tard et dans des conditions telles qu’on sera pulvérisé…
Dirai-je que cette goualante de la piétaille a soulevé de longs applaudissements ?
Charles Bernard, découvert l’an passé par Léo Campion, est bien la révélation la plus authentique de ces dernières années. Un peu comme Chénier, il a choisi, sur des sujets antiques, de brocarder de façon nouvelle. On peut désormais le placer parmi les cinq premiers chansonniers de l’heure. Féroces et combien amers, ses couplets qui montrent un chien « s’oubliant  » sur des haricots… en signe de protestation contre les interdits de toute sorte.  » Le dernier acte libre d’un esprit libre « , conclut Charles Bernard.
On a pu apprécier encore le néophyte Jean Touchard, Les Frères Brothers (admirez le pléonasme !) à la fantaisie maboule, parfois irrésistible, Jean Valton dans ses imitations, Jacques Provins très brillant, en attendant Léo Noël qui va revenir bientôt d’Allemagne, Mad Rainvyl, à chacune de ses apparitions plus en forme.
Un excellent spectacle, honorablement présenté par Denis Michel.Maurice CIANTAR

 

Humour C(h)ampion

  • Une femme légère ne se mesure pas au poids.
  • Civilité : J’ai dit à mon compte en banque «Je vous en prie, restez couvert».
  • Je ne suis pas juif, mais je suis circoncis. Bel effort oecuménique… localisé.
  • L’argent, dit-on, procure tout… Ce n’est pas vrai ; il ne dispense ni l’esprit, ni l’intelligence, ni le talent, ni le bon goût.
  • Deux personnes pour faire un couple heureux, ce n’est pas assez.
  • L’âge des femmes se calcule en ajoutant l’âge qu’elles se donnent à celui que leur donne leur meilleure amie et en divisant par deux.
  • Allié : Celui qui a besoin de vous.
  • Aphrodisiaque : mesure de redressement.
  • Dans Parlement, il y a parle et ment.
  • La minorité a ceci de supérieur à la majorité qu’elle comprend un nombre inférieur d’imbéciles.
  • L’hermine, c’est tout blanc avec le bout de la queue noir alors que le ramoneur, c’est tout noir avec une échelle sur le dos

 

Rappelons que le spirituel chansonnier contemporain Léo CAMPION avait édité un « Traité de rétrophysionomie » par lequel il étudiait la personnalité suivant la forme des fesses !).