5H DU MAT

C. S. Novembre 2005

  • 5 HEURES DU MATIN ET JE SUIS LA…  •

5 heures du matin et je suis là à attendre. C’est dur quand même de travailler la nuit. C’est usant. C’est comme ça quand on fait le plus vieux métier du monde, je pourrais être là depuis toujours parce qu’on a besoin de moi. Il y a toujours eu une demande, il en faut des comme moi à être là et faire ce qu’on fait. Et ce qu’on fait, c’est vrai, c’est quand même particulier. Il n’y a rien d’autre à dire quand on travaille toujours en dessous de la ceinture. A la hauteur des fesses ! Mais quoi qu’on en dise et quoi qu’on en pense, c’est quand même aussi pour les plus grandes joies….

5 heures du matin…Je suis moins performante avec l’âge. C’est sûr que je tiens moins le coup, surtout la nuit et je travaille quand même beaucoup la nuit.

Quand on ne peut plus tenir toute la nuit sans dormir un peu c’est un signe. On s’use, on se fatigue. Il faudrait penser à s’arrêter, à faire autre chose. Je vois bien autour de moi, je ne suis pas seule. Celles qui travaillent comme moi en sont au même point. Il y en qui arrêtent mais c’est pas facile. Un peu comme si on était accro….Et puis il faut bien gagner sa vie même si on s’épuise.

Raz les fesses voilà mon horizon été comme hiver, qu’il pleuve ou qu’il vente.

Au bout de 25 ans de métier on peut dire que j’en connais un rayon sur les fesses et leurs ouvertures.

J’en apprécie les détails et les singularités. J’en connais les avantages et les inconvénients, les limites et les possibilités. De cet endroit là, je connais toutes les nuances de l’anatomie générale lorsqu’elle devient individuelle.

Et des nuances il y en a, je vous le dis. Et je les touche et je les explore. Parfois je me fais encore surprendre par des détails que je n’avais encore jamais vu alors que je suis spécialiste et que j’ai l’expérience. Mais bon, comme dit le proverbe, il faut de tout pour faire un monde. Et puis l’essentiel c’est que ça passe et que ça se passe bien…Vous voyez ce que je veux dire.

De toute façon, j’ai la technique et l’expérience aussi. Je sais faire et puis aider quand ça ne va pas tout seul. De la pratique, du savoir faire et puis parfois ma bouteille d’huile lubrifiante quand ça coince ou que ça craint.

J’ai mes préférences pour les positions aussi. Personnellement je préfère sur le côté, jambe relevée même si généralement ça se passe sur dos. Sur le côté c’est plus confortable, ça dégage. Ca libère le devant et le derrière des fesses et les ouvertures. Je laisse faire et ça monte tout seul.

Ca dépend quand même de la taille. C’est sûr, les petits ça passe mieux. Il n’y a pas à dire, les petits ils sont peut-être petits mais ils se débrouillent mieux et ils savent faire. Les gros c’est autre chose, c’est plus long, j’ai toujours une petite appréhension

Ce que je ne supporte plus par contre, c’est les odeurs. Cet endroit là c’est quand même délicat. Dès qu’on n’en prend pas soin ça sent fort, surtout avec les efforts et la transpiration. Et la clientèle n’est pas toujours top ! On n’a pas trop le choix, on est obligé de prendre ce qui vient. Des fois ça me donne la nausée, ça me rend malade à 3 heures du matin, quand je n’ai pas mangé et que je suis crevée. Mais quand c’est trop sale, je demande une petite toilette avant. Un peu de respect quand même ! La propreté c’est le minimum….

Moi, je me lave tout le temps. Question hygiène, je suis scrupuleuse, c’est nécessaire et mon tempérament alsacien s’y retrouve. Et puis quoi qu’il arrive je prends toujours des précautions. Je ne travaille pas sans protections. Il y trop de maladies qui traînent. Dieu sait que j’en ai vu des maladies qui se nichent à cet endroit là. Par les temps qui courent, les pires se transmettent quand même par le sang et le sexe alors tu parles ! Je suis au premier rang.

Depuis le temps que je pratique, je suis devenue allergique au latex. Je ne supporte plus. Maintenant il me faut de l’hypoallergique. C’est pas donné impossible d’en faire l’économie. Autant arrêter de travailler.

Avec toutes ces contraintes, ce n’est pas un métier facile quoi qu’on pense. Tu ne sais jamais ce qui t’attend ou qui tu rencontres. Tu ne sais jamais comment ça va se passer, c’est l’inconnu. Tu ne connais pas la personne et pouf tout de suite t’es propulsé dans l’intimité, le dessous de la ceinture, raz les fesses. Bon, mais je suis là pour ça et c’est ce qui est demandé.

Les ennuis aussi arrivent par là. Quand le ciel me tombe sur la tête pour moi, il tombe toujours un peu plus bas encore, jusqu’aux fesses et par leurs ouvertures.

D’ailleurs ce coup ci on dirait bien que ça sent les problèmes. Ca n’a n’en finit pas. Je pensais que ça se terminerait plus vite. Ca fait un bout de temps qu’on y est et ça ne monte pas comme il faut.

Ah ! Ben tiens, on dirait que ça vient, d’un coup.

Voilà les bruits caractéristiques des fesses qui se lâchent. On dirait une grossesse gazeuse.

Allez poussez madame, il monte le bébé, je vois ses cheveux, vous y êtes presque, poussez allez poussez !